OPERATIONS SPECIALES #54 – Mars Avril 2022
Au sommaire
Reportage
CETIA OPERA : objectif 2030.
Analyse
Chine : L’empire contre-attaque – 2e partie.
Reportage
Morphée sur A330-MRTT Phénix.
Géopolitique
L’Iran : entre résilience et autoritarisme renforcé.
Interview
Objectif Forces Spéciales : rencontre avec Matt.
Reportage
La SAED du 126 : des « Bisons » d’élite.
Forces Spéciales
Vityaz chevalier des temps modernes : à l’école des Forces spéciales russes.
Armée étrangère
Entraînement des tankistes serbes.
Reportage
Déploiement de l’OTSC au Kazakhstan.
Véhicules
Véhicules blindés de transport de troupe ukrainiens BTR-94, BTR-3, BTR-4 et BTR-7.
Événement
159e anniversaire des combats de Camerone.
En Zone Rouge !
Conflit de haute intensité et blessés au combat : quoi de neuf ?
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Edito
Fantasmes à tout-va
C’est l’histoire d’un projet fou. Il y a un peu plus d’un an, en février 2021, une étude baptisée « OTAN 2030 » précisait quelles devaient être les missions de l’organisation atlantique pour les dix années à venir. Tout un programme. La philosophie de ce document reposait sur un double paradigme : d’un côté une menace russe à l’œuvre dès maintenant, de l’autre une menace chinoise potentielle et à venir. La solution : mettre au pas les alliés européens derrière les États-Unis en vue de la lutte planétaire qui s’annonce.
S’agissant de la Russie, le message était déjà clair, limpide : après le « partenariat constructif » lancé par l’OTAN au début des années 1990, le Kremlin s’est progressivement lancé dans une politique agressive vis-à-vis de l’Alliance, n’hésitant pas à annexer la Crimée en 2014. Un conte de fée pour enfants que veulent nous faire gober les États-Unis, évidemment à des années-lumière de la réalité historique : c’est bien l’OTAN, profitant de la décomposition de l’ex-URSS, qui s’est lancée à marche forcée dans son élargissement vers l’est, rapprochant, au fil des années, ses armées des frontières de la Russie.
C’est l’OTAN également qui, en 2008, a refusé la main tendue par le pseudo « ogre russe » pour un nouveau « Pacte de sécurité européen » visant à mettre un terme à certains conflits non résolus à l’est de l’Europe (Transnistrie, Abkhazie, Ossétie du Sud), en échange d’une neutralité de la Géorgie, de l’Ukraine et de la Moldavie.
« OTAN 2030 » prend évidemment tout son sens aujourd’hui. L’Ukraine, dont la population est travaillée depuis des années par les ONG pro-américaines, pourrait rejoindre l’organisation militaire occidentale et cette perspective est inacceptable pour les Russes qui revendiquent le droit de ne pas être encerclés. Sommes-nous assez bêtes pour tomber une nouvelle fois dans le panneau américain brandissant l’imminence d’une menace russe fantasmée ?
Dans un entretien publié en décembre dernier, le général (2S) Pinatel montre bien le décalage entre une diplomatie française de plus en plus inféodée aux États-Unis et des moyens qui ne correspondent pas à l’effort militaire envisagé. « Peut-être parce que le CEMA n’y croit pas ou parce qu’il n’envisage pas d’engager l’armée de Terre dans un combat aéroterrestre pour aider l’Ukraine » s’interroge l’officier général. Entretenir artificiellement une tension avec la Russie, alors que l’on sait pertinemment que les moyens ne suivront pas. À qui profite le crime ?
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